La phalange selon HeG - Essai de synthèse des hypothèses
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La phalange selon HeG - Essai de synthèse des hypothèses
Khairete !
Comme nous fûmes nombreux aux Saintes Maries, nous avons pu mener quelques expérimentations autour de la phalange et prendre un certain nombre de photos pour faire le point sur les problèmes rencontrés, les solutions envisagées et mises en oeuvres, et les problèmes qui se posent encore. Ce sujet a pour but de fournir un manuel de la phalange selon HeG, en condensant l'ensemble des problématiques de recherches, hypothèses et solutions adoptées, ainsi qu'un certain nombre de principes essentiels au fonctionnement de notre phalange à destination des nouveaux venus.
Le point en photo :
La formation de combat
La phalange fonctionne selon le principe des rangs et des colonnes. La colonne est une section insécable de 6 à 8 (peut être 12) hommes alignés les uns derrière les autres. On peut aussi bien se les représenter selon le schéma d'une ficelle qui viendrait se ranger à proximité d'une autre ficelle.
A noter que la distance séparant le premier de rang du second etc... est déjà serrée : les boucliers doivent se chevaucher en partie.
Lorsque l'ordre "phulate" est donné, chacun avance le pied gauche en avant et le place entre le pied droit et le pied gauche du voisin de devant. Ce petit pas en avant permet le décalage qui rend possible au bouclier de se placer de face, en même temps que le torse pivote pour suivre le pied gauche. Dans le même mouvement, les lances des trois premiers rangs basculent, viennent se poser sous le coude et se ranger à l'intérieur du bras du voisin de devant.
3
Le bouclier appuie à présent sur le dos du voisin de devant. La formation est rangée en position fermée dite "de garde". Seuls les trois premiers rangs basculent ainsi : d'une part eux-seuls auront l'allonge suffisante pour frapper, d'autre part notez la superposition des lances : un quatrième de rang ne pourrait tenir le coude assez haut sans se fatiguer inutilement pour passer au dessus du coude du troisième.
Notez également que les talons ne sont plus dangereux : les arrêtes ne sont pas aiguisées, de la sorte elles n'entailleront pas le coude de ceux de derrière durant la marche. De plus, les lances étant systématiquement rangées à l'intérieur, les talons sont déviés par les quatrièmes de ligne par le bois de la hampe ce qui rejette le talon des lances horizontales à l'extérieur.
Notez aussi l'analogie avec l'un des bas reliefs du podium du "monument des Néréides" conservés au British Museum. Il a été construit à Xanthos en Lycie (Sud de la côte turque face à Chypre) vers 380 pour servir très certainement de tombe à un dynaste local fortement hellénisé :
La phalange peut à présent avancer au commandement "Bethi" (prononcez beffi) et peut parcourir à une vitesse de deux ou trois km/h la distance la séparant de l'ennemi sans que les premiers rangs ne fatiguent. Elle déviera légèrement à droite, comme le mentionne Thucydide (V, 71, 1). Ce dernier certifie que ce mouvement est dû à la volonté du premier de rang à droite, à découvert sur son flanc, de se soustraire à l'ennemi. Ici on peut faire concorder le texte : dans cette position le mouvement est induit par la position du corps qui vise effectivement à soustraire autant que possible le corps au coups de l'ennemi. Avec une telle orientation, la phalange se décale progressivement à droite d'autant que le mouvement est amplifié par la longueur de la ligne qui aura tendance à appuyer à droite pour garder au mur de bouclier toute sa solidité (voire plus bas).
A partir de là les hypothèses divergent : les hoplites combattaient-ils en tenant la lance sous le coude ? C'est l'hypothèse soulevée par Christopher Matthew (A storm of spears. understanding the greek hoplite at war, Pen and Sword Military, Barnsley, 2012) qui a pour elle de proposer une solution en un temps, offrant une précision de la frappe et réduisant grandement la fatigue. Cependant sa thèse présente de nombreuses faiblesses (manque d'arguments, démonstration partiale) et ne correspond guère aux sources qui nous montrent clairement une façon différente de prendre la lance.
Vous pourrez remarquer les angles et perspectives comparables entre la première image (Olpè Chigi, fin, VIIème début VIème s. av. J.-C.) et le monument des Néréides malgré les deux cent ans d'écart.
Entre mille autres.
A noter que tous les hoplites sur ces images portent la lance en "prise inverse" c'est-à-dire pouce vers le talon. La fréquence de cette position (90% des prises sur l'iconographie) interroge car elle implique un passage de la position verticale (talon au sol) à cette position de frappe durant lequel la prise s'inverse. Pour l'instant nous n'avons pas encore compris comment. Nous utilisons donc une position proche en levant les lances depuis la position d'avance à l'ennemi quelques mètres avant le contact, à l'ordre "ta dôrata anô" :
L'hypothèse a été émise durant le weekend que ce pouvait être le talon qui était ainsi employé pour frapper, ce qui résolvait le problème de la prise par en dessous. On constate effectivement dans certaines pièces archéologiques des marques de pénétration du talon, comme à Olympie ou ici sur un casque du musée de Pérouse
(merci à Pythias de la photo)
Mais cela semble à la réflexion peu probable :
-Les images que l'on connaît de hoplites rangés en profondeur montrent bien la pointe de la lance et pas le talon ;
(encore une fois entre mille autres)
-Le mouvement pour passer les talons dans cette position semble très dangereux à effectuer une fois en position fermée, en plus d'être très compliqué.
-Enfin, vu l'angle, il semble plus probable que les soldats aient reçus ces coups à terre.
-Thrasy-
Comme nous fûmes nombreux aux Saintes Maries, nous avons pu mener quelques expérimentations autour de la phalange et prendre un certain nombre de photos pour faire le point sur les problèmes rencontrés, les solutions envisagées et mises en oeuvres, et les problèmes qui se posent encore. Ce sujet a pour but de fournir un manuel de la phalange selon HeG, en condensant l'ensemble des problématiques de recherches, hypothèses et solutions adoptées, ainsi qu'un certain nombre de principes essentiels au fonctionnement de notre phalange à destination des nouveaux venus.
Le point en photo :
La formation de combat
La phalange fonctionne selon le principe des rangs et des colonnes. La colonne est une section insécable de 6 à 8 (peut être 12) hommes alignés les uns derrière les autres. On peut aussi bien se les représenter selon le schéma d'une ficelle qui viendrait se ranger à proximité d'une autre ficelle.
A noter que la distance séparant le premier de rang du second etc... est déjà serrée : les boucliers doivent se chevaucher en partie.
Lorsque l'ordre "phulate" est donné, chacun avance le pied gauche en avant et le place entre le pied droit et le pied gauche du voisin de devant. Ce petit pas en avant permet le décalage qui rend possible au bouclier de se placer de face, en même temps que le torse pivote pour suivre le pied gauche. Dans le même mouvement, les lances des trois premiers rangs basculent, viennent se poser sous le coude et se ranger à l'intérieur du bras du voisin de devant.
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Le bouclier appuie à présent sur le dos du voisin de devant. La formation est rangée en position fermée dite "de garde". Seuls les trois premiers rangs basculent ainsi : d'une part eux-seuls auront l'allonge suffisante pour frapper, d'autre part notez la superposition des lances : un quatrième de rang ne pourrait tenir le coude assez haut sans se fatiguer inutilement pour passer au dessus du coude du troisième.
Notez également que les talons ne sont plus dangereux : les arrêtes ne sont pas aiguisées, de la sorte elles n'entailleront pas le coude de ceux de derrière durant la marche. De plus, les lances étant systématiquement rangées à l'intérieur, les talons sont déviés par les quatrièmes de ligne par le bois de la hampe ce qui rejette le talon des lances horizontales à l'extérieur.
Notez aussi l'analogie avec l'un des bas reliefs du podium du "monument des Néréides" conservés au British Museum. Il a été construit à Xanthos en Lycie (Sud de la côte turque face à Chypre) vers 380 pour servir très certainement de tombe à un dynaste local fortement hellénisé :
La phalange peut à présent avancer au commandement "Bethi" (prononcez beffi) et peut parcourir à une vitesse de deux ou trois km/h la distance la séparant de l'ennemi sans que les premiers rangs ne fatiguent. Elle déviera légèrement à droite, comme le mentionne Thucydide (V, 71, 1). Ce dernier certifie que ce mouvement est dû à la volonté du premier de rang à droite, à découvert sur son flanc, de se soustraire à l'ennemi. Ici on peut faire concorder le texte : dans cette position le mouvement est induit par la position du corps qui vise effectivement à soustraire autant que possible le corps au coups de l'ennemi. Avec une telle orientation, la phalange se décale progressivement à droite d'autant que le mouvement est amplifié par la longueur de la ligne qui aura tendance à appuyer à droite pour garder au mur de bouclier toute sa solidité (voire plus bas).
A partir de là les hypothèses divergent : les hoplites combattaient-ils en tenant la lance sous le coude ? C'est l'hypothèse soulevée par Christopher Matthew (A storm of spears. understanding the greek hoplite at war, Pen and Sword Military, Barnsley, 2012) qui a pour elle de proposer une solution en un temps, offrant une précision de la frappe et réduisant grandement la fatigue. Cependant sa thèse présente de nombreuses faiblesses (manque d'arguments, démonstration partiale) et ne correspond guère aux sources qui nous montrent clairement une façon différente de prendre la lance.
Vous pourrez remarquer les angles et perspectives comparables entre la première image (Olpè Chigi, fin, VIIème début VIème s. av. J.-C.) et le monument des Néréides malgré les deux cent ans d'écart.
Entre mille autres.
A noter que tous les hoplites sur ces images portent la lance en "prise inverse" c'est-à-dire pouce vers le talon. La fréquence de cette position (90% des prises sur l'iconographie) interroge car elle implique un passage de la position verticale (talon au sol) à cette position de frappe durant lequel la prise s'inverse. Pour l'instant nous n'avons pas encore compris comment. Nous utilisons donc une position proche en levant les lances depuis la position d'avance à l'ennemi quelques mètres avant le contact, à l'ordre "ta dôrata anô" :
L'hypothèse a été émise durant le weekend que ce pouvait être le talon qui était ainsi employé pour frapper, ce qui résolvait le problème de la prise par en dessous. On constate effectivement dans certaines pièces archéologiques des marques de pénétration du talon, comme à Olympie ou ici sur un casque du musée de Pérouse
(merci à Pythias de la photo)
Mais cela semble à la réflexion peu probable :
-Les images que l'on connaît de hoplites rangés en profondeur montrent bien la pointe de la lance et pas le talon ;
(encore une fois entre mille autres)
-Le mouvement pour passer les talons dans cette position semble très dangereux à effectuer une fois en position fermée, en plus d'être très compliqué.
-Enfin, vu l'angle, il semble plus probable que les soldats aient reçus ces coups à terre.
-Thrasy-
Dernière édition par Thrasymakhos le Mer 20 Mai 2015 - 17:34, édité 1 fois
Re: La phalange selon HeG - Essai de synthèse des hypothèses
La phalange au combat
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'arme principale du hoplite n'est pas la lance mais bien son bouclier. Les expérimentations menées à Olbia en juin 2014 ont permis de tester différentes hypothèses de combat. Attention ! Il faut préciser que tous les groupes ne sont pas d'accord sur les différentes façons de combattre en phalange. C'est pourquoi nous ne suivrons ici que l'hypothèse développée par HeG dans la mesure où il s'agit d'une synthèse de notre propre façon d'interpréter les textes.
On a déjà vu supra différentes sources iconographiques présentant la formation au combat, et on a pu également s'apercevoir qu'ils n'étaient pas faciles à interpréter. Nous disposons également de quelques textes (très rares) qui relatent des batailles et nous livre quelques renseignements (voir un prochain sujet spécifique). Tous insistent sur le choc, le bruit et la fureur du carnage, au point que les soldats en viennent parfois à s'entretuer sans se reconnaître. C'est pourquoi HeG a fait l'hypothèse d'un choc véritable des boucliers, les deux phalanges s'affrontant en une poussée féroce et face à face. Les rangs arrières sont destinés à pousser le premier de ligne contre la phalange adverse et lui permettre d'enfoncer et disjoindre la ligne de boucliers ennemis.
Ci-dessous deux vidéos de restitution tournées à Olbia en 2014, avec la participation d'HeG, Somatophylakes (Aix en Provence), Athena Promakhos (Espagne) et Summakhoi Ellenoi (Italie)
Dans les deux cas l'armure encaisse la force de la poussée tandis que la position de biais des combattants leur permet d'une part de pousser avec force sur leurs boucliers tout en permettant à l'armure de transmettre la poussée des rangs arrières.
Le principe de base est très simple : le premier rang doit parvenir à s'élancer contre le bouclier de l'adversaire :
Monument des Néréides, bas relief :
Cela a deux conséquences :
-La première est que l'hoplite ne dispose que de quelques secondes pour armer et frapper avant le contact avec une frappe précise, que l'autre doit absolument éviter.
Il ne peut l'atteindre qu'au visage, mais les dégâts peuvent être considérable. Bien ajustée, une telle attaque peut facilement passer par l'oeuillère du casque, ou ricocher sur le casque et atteindre le second rang. Cela dit le réflexe normal dans ce genre de cas est de s'abriter entièrement derrière le bouclier et son puissant rebord déflecteur. Ainsi sur une dizaine de test à l'aide de lances bluntées, Makarios et moi-même n'avons enregistré qu'un seul coup au but.
-La seconde est que les lances sont condamnées à frapper à l'aveugle, la pression des rangs venant s'ajouter à la concentration de l'hoplite sur sa tâche essentielle : garder intacte la ligne, exploser celle de l'ennemi.
Au combat la phalange se présente donc sous la forme d'un bloc compact de fantassins au coude à coude rangés en colonne. Chaque file se range à côté de l'autre pour créer une ligne dense.
A l'ordre "phulate" les hoplites basculent et amènent les boucliers et leurs lances en position de garde. Les boucliers se chevauchent alors et appuient sur un point fort : le bras, l'épaule du voisin de gauche. C'est pourquoi une position rangée au coude à coude est très importante : elle garantit que chaque bouclier viendra appuyer sur un point fort de la ligne et non simplement chevaucher sans appuyer sur quelque chose de solide. Sans quoi l'adversaire n'aura aucun mal à passer à travers.
Comme on l'a vu plus haut, les talons des lances ne sont pas dangereux pour les rangs arrières et reposent correctement sur les coudes s'ils sont bien posés à l'intérieur lors du mouvement de garde.
Les rangs arrières appuient de leurs boucliers contre le rang avant : on peut constater que cette formation très dense n'est obtenue qu'en avançant le pied gauche, un mouvement très simple à effectuer.
Le mouvement est le même pour chaque rang mais pose cependant quelques difficultés pour tous les rangs qui ont un voisin à droite.
En effet comme on peut le voir sur cette photo les boucliers sont imbriqués très étroitement et les lances basculent avec un peu de difficulté car elles cognent dans les boucliers.
Pour remédier à cela nous avons effectuer des test en dédensifiant un peu la profondeur mais le problème n'en est en fait qu'accru. Il faut donc supposer qu'un tel mouvement exigeait un peu d'entraînement (ce qui n'a rien de surprenant car c'est l'ensemble de la formation qui impose cet entraînement) et que les Grecs n'étaient pas des majorettes, ce qui devait conduire à un mouvement pas complètement unifié et qui produisait un seuil très tolérable de chaos.
L'ordre "Anô ta dorata" est plus facile à exécuter, même en marchant vers l'ennemi.
L'ennemi doit donc affronter une triple rangée de lances. Le troisième rang a pour tâche de frapper le premier rang adverse, les seconds s'entretuent, et le premier rang doit atteindre le troisième ennemi.
La ligne se présente alors de cette façon :
Les rangs arrières peuvent alors s'arcquebouter contre leurs boucliers, solides sur leurs appuis, et pousser leurs camarades en avant.
Dans ce système la lance est clairement utilisée pour frapper à l'aveugle.
En conclusion, nos recherches tendent à mettre en évidence les points suivants :
-La phalange est une formation très compacte, comptant sur l'appui de ses boucliers sur des points forts pour obtenir un mur solide. La solution doit être recherchée à l'échelon individuel, et pas sur l'ensemble de la ligne : le mouvement doit être individuel et ne pas donner lieu ensuite à un quelconque déplacement horizontal pour venir serrer sur le voisin de droite ;
-L'hoplite se sert avant tout de son bouclier pour enfoncer la ligne de l'adversaire et pénétrer la phalange ennemie. En tout état de cause, toutes ses armes offensives sont pour ainsi dire secondaires ;
-La lance a pour but d'abattre l'adversaire au premier rang avant l'impact ou de mettre hors de combat les trois premiers rangs durant la poussée. Ceci conduit à désorganiser la poussée et la formation ennemie, facilitant le travail de poussée en créant des points de faiblesse dans la profondeur et neutralisant ainsi la poussée inverse ;
-Une fois à l'intérieur de la ligne adverse, l'hoplite peut utiliser son épée pour mettre hors de combat les adversaires situés à sa droite. il se trouve alors dans une position idéale : bien protégé par son bouclier, il offre un angle très peu propice à son vis-à-vis tout en ayant lui la possibilité de frapper sans guère se découvrir, de la même façon qu'un archer derrière une meurtrière. Il peut alors accomplir un travail de sape et démolir la travail de poussée de l'ennemi, facilitant celui de ses camarades. De proche en proche cela peut conduire à l'effondrement total de la phalange ennemie.
-Thrasy-
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'arme principale du hoplite n'est pas la lance mais bien son bouclier. Les expérimentations menées à Olbia en juin 2014 ont permis de tester différentes hypothèses de combat. Attention ! Il faut préciser que tous les groupes ne sont pas d'accord sur les différentes façons de combattre en phalange. C'est pourquoi nous ne suivrons ici que l'hypothèse développée par HeG dans la mesure où il s'agit d'une synthèse de notre propre façon d'interpréter les textes.
On a déjà vu supra différentes sources iconographiques présentant la formation au combat, et on a pu également s'apercevoir qu'ils n'étaient pas faciles à interpréter. Nous disposons également de quelques textes (très rares) qui relatent des batailles et nous livre quelques renseignements (voir un prochain sujet spécifique). Tous insistent sur le choc, le bruit et la fureur du carnage, au point que les soldats en viennent parfois à s'entretuer sans se reconnaître. C'est pourquoi HeG a fait l'hypothèse d'un choc véritable des boucliers, les deux phalanges s'affrontant en une poussée féroce et face à face. Les rangs arrières sont destinés à pousser le premier de ligne contre la phalange adverse et lui permettre d'enfoncer et disjoindre la ligne de boucliers ennemis.
Ci-dessous deux vidéos de restitution tournées à Olbia en 2014, avec la participation d'HeG, Somatophylakes (Aix en Provence), Athena Promakhos (Espagne) et Summakhoi Ellenoi (Italie)
Dans les deux cas l'armure encaisse la force de la poussée tandis que la position de biais des combattants leur permet d'une part de pousser avec force sur leurs boucliers tout en permettant à l'armure de transmettre la poussée des rangs arrières.
Le principe de base est très simple : le premier rang doit parvenir à s'élancer contre le bouclier de l'adversaire :
Monument des Néréides, bas relief :
Cela a deux conséquences :
-La première est que l'hoplite ne dispose que de quelques secondes pour armer et frapper avant le contact avec une frappe précise, que l'autre doit absolument éviter.
Il ne peut l'atteindre qu'au visage, mais les dégâts peuvent être considérable. Bien ajustée, une telle attaque peut facilement passer par l'oeuillère du casque, ou ricocher sur le casque et atteindre le second rang. Cela dit le réflexe normal dans ce genre de cas est de s'abriter entièrement derrière le bouclier et son puissant rebord déflecteur. Ainsi sur une dizaine de test à l'aide de lances bluntées, Makarios et moi-même n'avons enregistré qu'un seul coup au but.
-La seconde est que les lances sont condamnées à frapper à l'aveugle, la pression des rangs venant s'ajouter à la concentration de l'hoplite sur sa tâche essentielle : garder intacte la ligne, exploser celle de l'ennemi.
Au combat la phalange se présente donc sous la forme d'un bloc compact de fantassins au coude à coude rangés en colonne. Chaque file se range à côté de l'autre pour créer une ligne dense.
A l'ordre "phulate" les hoplites basculent et amènent les boucliers et leurs lances en position de garde. Les boucliers se chevauchent alors et appuient sur un point fort : le bras, l'épaule du voisin de gauche. C'est pourquoi une position rangée au coude à coude est très importante : elle garantit que chaque bouclier viendra appuyer sur un point fort de la ligne et non simplement chevaucher sans appuyer sur quelque chose de solide. Sans quoi l'adversaire n'aura aucun mal à passer à travers.
Comme on l'a vu plus haut, les talons des lances ne sont pas dangereux pour les rangs arrières et reposent correctement sur les coudes s'ils sont bien posés à l'intérieur lors du mouvement de garde.
Les rangs arrières appuient de leurs boucliers contre le rang avant : on peut constater que cette formation très dense n'est obtenue qu'en avançant le pied gauche, un mouvement très simple à effectuer.
Le mouvement est le même pour chaque rang mais pose cependant quelques difficultés pour tous les rangs qui ont un voisin à droite.
En effet comme on peut le voir sur cette photo les boucliers sont imbriqués très étroitement et les lances basculent avec un peu de difficulté car elles cognent dans les boucliers.
Pour remédier à cela nous avons effectuer des test en dédensifiant un peu la profondeur mais le problème n'en est en fait qu'accru. Il faut donc supposer qu'un tel mouvement exigeait un peu d'entraînement (ce qui n'a rien de surprenant car c'est l'ensemble de la formation qui impose cet entraînement) et que les Grecs n'étaient pas des majorettes, ce qui devait conduire à un mouvement pas complètement unifié et qui produisait un seuil très tolérable de chaos.
L'ordre "Anô ta dorata" est plus facile à exécuter, même en marchant vers l'ennemi.
L'ennemi doit donc affronter une triple rangée de lances. Le troisième rang a pour tâche de frapper le premier rang adverse, les seconds s'entretuent, et le premier rang doit atteindre le troisième ennemi.
La ligne se présente alors de cette façon :
Les rangs arrières peuvent alors s'arcquebouter contre leurs boucliers, solides sur leurs appuis, et pousser leurs camarades en avant.
Dans ce système la lance est clairement utilisée pour frapper à l'aveugle.
En conclusion, nos recherches tendent à mettre en évidence les points suivants :
-La phalange est une formation très compacte, comptant sur l'appui de ses boucliers sur des points forts pour obtenir un mur solide. La solution doit être recherchée à l'échelon individuel, et pas sur l'ensemble de la ligne : le mouvement doit être individuel et ne pas donner lieu ensuite à un quelconque déplacement horizontal pour venir serrer sur le voisin de droite ;
-L'hoplite se sert avant tout de son bouclier pour enfoncer la ligne de l'adversaire et pénétrer la phalange ennemie. En tout état de cause, toutes ses armes offensives sont pour ainsi dire secondaires ;
-La lance a pour but d'abattre l'adversaire au premier rang avant l'impact ou de mettre hors de combat les trois premiers rangs durant la poussée. Ceci conduit à désorganiser la poussée et la formation ennemie, facilitant le travail de poussée en créant des points de faiblesse dans la profondeur et neutralisant ainsi la poussée inverse ;
-Une fois à l'intérieur de la ligne adverse, l'hoplite peut utiliser son épée pour mettre hors de combat les adversaires situés à sa droite. il se trouve alors dans une position idéale : bien protégé par son bouclier, il offre un angle très peu propice à son vis-à-vis tout en ayant lui la possibilité de frapper sans guère se découvrir, de la même façon qu'un archer derrière une meurtrière. Il peut alors accomplir un travail de sape et démolir la travail de poussée de l'ennemi, facilitant celui de ses camarades. De proche en proche cela peut conduire à l'effondrement total de la phalange ennemie.
-Thrasy-
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